Zcyn LV
Une session… particulière
Pour la troisième fois, Zcyn se retrouva face à un mur et dut rebrousser chemin. Des escaliers purement décoratifs, des portes scellées, des fenêtres en trompe-l’œil. Des statues, des vasques, des encorbellements. C’était joli, le quartier administratif de Rondo, un ravissement pour l’œil, une merveille d’architecture. Mais pas moyen d’y trouver son chemin.
Elle avisa un jardinier.
« - Pardon mon brave, comment on rentre là -dedans ? »
« Ah » répondit l’homme en reposant sa faux, « tu viens pour la place de souillon. Fais le tour par la droite, t’arriveras aux écuries, les palefreniers te donneront ton balai. »
« - Mais non, pas l’entrée de service » expliqua l’assassine en montrant sa convocation. « Regardez, c’est écrit. Conseil des guildes, petit salon. C’est ça que je cherche. »
« Faites excuse ma bonne dame. C’est que les domestiques par ici, ça recrute ça recrute, ça n’arrête pas. A se demander ce qu’ils en font. Et puis je pouvais pas deviner aussi, le petit salon c’est les gens de la haute, les beaux messieurs et les belles dames, et vous, vous avez plutôt l’allure d’une souill… euh enfin, c’est juste histoire de dire, hein. Pas d’offense. C’est par là , derrière vous. Pouvez pas vous tromper, c’est tracé sur le sol pour ainsi dire, vous suivez les dalles en marbre rose. »
Quelques minutes plus tard, Zcyn se trouvait confortablement assise sur une banquette de bois poli, garnie de coussins en velours. Dans les angles du petit salon, des guéridons supportant divers bibelots en porcelaine. Aux murs, des épées entrecroisées, des boucliers, des gravures, un immense portrait de Buvenir en pied. Des blasons de guildes. L’assassine chercha en vain celui des Villains. Devant elle, une longue table basse, garnie d’un service en étain. Trois tasses vides, une louche et une jatte contenant un liquide crémeux et blanchâtre.
De l’autre côté de la table, sur des sièges dont Zcyn ne manqua pas de remarquer qu’ils étaient légèrement surélevés par rapport à sa propre banquette, deux officiels du Conseil des guildes. Elle reconnut l’austère Bougon, qui lui avait fait passer son Cinquième rang. Le Conseiller quant à lui conservait un visage sévère, impossible de savoir s’il l’avait remise. Soudain il se leva et s’empara de la louche d’étain.
« Un lait caillé ? » lança-t-il en tendant à la jeune fille la tasse qu’il venait de remplir.
« Voyez-vous » poursuivit-il d’un air affable, « comme vous l’ont peut-être expliqué vos chefs de guilde, à la différence d’une session officielle il ne s’agira pas aujourd’hui de passer au crible vos capacités, d’essayer de vous prendre en défaut. Au contraire. Vous pouvez d’ores et déjà considérer ce Sixième rang comme pratiquement acquis… »
D’un geste de la main, Karcinaum interrompit Bougon. Ce dernier inclina la tête vers l’Intendant du conseil, son supérieur, puis reprit son discours.
« Bien entendu, nous allons quand même vous faire combattre un peu, discuter tactique, armement et monstres. Quand nous faisons venir un candidat que nous jugeons émérite, nous ne nous privons pas du plaisir de le voir à l’œuvre, en situation. Pas juste pour le regarder boire du lait caillé. »
Zcyn acquiesça intérieurement. Le lait caillé, elle n’avait essayé jusque-là , elle venait d’en boire une gorgée, et vraiment elle n’aimait pas. Amer, tiédasse, gluant. Sa panthère Luerphédon au contraire semblait fort intéressée et l’assassine avait toutes les peines du monde à la faire tenir tranquille.
« - Je suis à votre disposition, Conseiller Bougon. » répondit l’assassine poliment. « C’est un plaisir aussi pour moi. Je reconnais ce portrait, c’est Buvenir, il est venu avec nous au donjon Porte-Espoir. Sinon, le vieux monsieur à côté de vous, c’est l’assistant ? Ils étaient plus jeunes, les deux de la dernière fois. »
Le visage de Bougon prit instantanément l’expression de sévérité que Zcyn lui connaissait. Que tous ceux qui avaient passé un examen lui connaissaient, en fait.
« Assassine de Cinquième rang ! Maître Karcinaum ici présent n’est certes pas un assistant, c’est un membre de plein droit du Conseil des guildes, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de notre Intendant. En charge du commerce, de l’artisanat, des transports, des opérations militaires, des relations avec les guildes, des lois, et j’en passe. Ses responsabilités sont immenses ! »
Dans le huis-clos du Conseil des guildes, Bougon et Karcinaum avaient souvent des points de vue opposés, l’un se voulant le héraut de l’équité et de l’intérêt général, l’autre prêt à tous les accommodements du moment que cela n’allait pas à l’encontre de son intérêt particulier. D’un accord tacite, ils s’évitaient autant que possible, et il était rarissime que l’Intendant, comme aujourd’hui, s’invite à un passage de Rang, que Bougon considérait comme son pré carré. Mais naturellement face à Zcyn, personne extérieure au Conseil, rien de leurs divergences ne devait transparaître.
L’Intendant pour sa part n’avait encore pas prononcé un mot. Ramassé sur son siège, ouvrant un œil de temps à autre, il semblait sommeiller. En fait il examinait la candidate, son apparence, son timbre de voix. Et il était perplexe. Un habit de pureté qui ne protégeait guère plus qu’une robe de chambre. Un familier à peine plus redoutable qu’un jouet en peluche. Des épées qui n’étaient même pas éthérées. Et c’était pour voir ça qu’il était en train de perdre son après-midi ? C’était ça qui terrorisait son associé des mauvais coups, Kévin Oussetonne le Roxxor ? Incompréhensible. Poursuivant l’examen, son regard monta un peu plus haut.
Sa main agrippa le bras de son collègue.
« Bougon ! Son collier à lak, regarde ! La façon dont la lanière est nouée… »
« Bon sang, comment ai-je pu ne pas le remarquer ? » réagit Bougon fébrilement. « Jeune fille, votre collier est fort ancien, n’est-ce-pas ? Nous feriez-vous la grâce de nous permettre d’y jeter un œil ? Le nœud double et inversé nous fait penser que… »
Zcyn n’y vit pas d’inconvénient et tendit l’objet. D’une main avide, Karcinaum s’en empara et extirpa la pierre afin de pouvoir examiner l’intérieur du réceptacle.
« Coule le sang…. Regarde Bougon, c’est gravé en tout petit sur le pourtour intérieur. Coule le sang, roulent les têtes. C’est ça, c’en est un, il n’y a pas de doute.»
Combien est-ce qu’un collectionneur m’en donnerait, se demandait l’Intendant. Bougon pour sa part examinait la lanière. Sa stupéfaction était visible, et les explications qu’il donna à la Villaine furent un peu décousues.
« Coule le sang, roulent les têtes. On pensait qu’il n’en restait plus. Très peu ont été gravés, une vingtaine à peine. Pour les meilleurs mages et guerriers d’Horizon. Par l’artisan de pierre d'âme Genouron, le grand-père de Genaron. Il était sacrément réputé, vous savez !
J’étais un gamin, à l’époque. Horizon a perdu. Tout le métal des armements a été fondu. Dans la fournaise de lave au centre de Katan. La bataille du Portail oublié. Le Musée de Rondo a des gravures saisissantes sur cette bataille, allez les voir.
On dit que les vaincus étaient encore dans les armures, et qu’on en a plongé dans la lave qui n’étaient pas tout-à -fait morts. C’est sûrement très exagé…. »
Karcinaum le coupa.
« Assassine, sachez que mes marchands… je veux dire, on trouve chez les marchands de colliers de Rondo des modèles en jade ou en nacre qui contiennent beaucoup plus de lak, je pourrais vous faire avoir une belle réduction si… »
Zcyn haussa les épaules.
« - L’échanger ? Pourquoi donc, gardez-le, je vous le donne. Je reprendrai celui que j’avais avant, pour moi c’est pareil. »
Les deux Conseillers la regardaient fixement bouche bée, attendant la suite. Quelle inconsciente, se disait l’un, elle ne se rend pas compte, et je ne peux rien faire pour l’aider. Quel profit je vais faire, se disait l’autre, ça va se compter en lingots. Cette pauvre fille est bête comme une oie.
Bizarrement, ils avaient un peu l’expression de Luerphédon quand elle voyait qu’on allait lui lancer un morceau de poulet.
« - Oui, je vous le donne. Il a l’air d’être important pour vous, de représenter beaucoup, et c’est ça qui fait la valeur d’un objet, ça ne se compte pas en roupies. Bon, là je ne trouve pas bien les mots, ça sonnait mieux quand c’est Fargdun qui m’expliquait… »
Karcinaum resta sonné en entendant prononcer le nom de l’ancienne marchande de fleurs qui, d’une gifle, avait jadis changé le cours de sa vie. Bougon quant à lui se sentit délivré d’un poids.
« Vous voulez dire, jeune fille, que vous faites don de ce collier en tant que vestige historique, et à la condition qu’il ne fasse l’objet d’aucune transaction marchande. Nous le confierons donc au musée de Rondo. et nous saluons votre âme généreuse.»
Zcyn acquiesça.
« Karcinaum » continua Bougon « cette Villaine de Cinquième rang a bataillé à Porte-Espoir aux côtés de Buvenir, et maintenant elle nous apporte cette pièce magnifique qui va intéresser tous les érudits de Rondo et au-delà . Je suis d’avis de lui décerner son Sixième rang sur le champ, en êtes-vous d’accord ? »
Ledit Karcinaum fit un geste qui signifiait à la fois qu’il n’était pas d’accord du tout, et qu’il avait besoin d’un peu de temps pour reprendre ses esprits.
Cette assassine commençait à lui taper sur les nerfs. Elle osait se présenter devant eux, deux des plus hauts dignitaires du Conseil, en armure de fantaisie, avec un familier de pacotille tout juste bon à garder une cour de ferme. Elle lui faisait miroiter un bénéfice considérable, perspective qui s’évanouissait aussitôt. Et voilà qu’elle était amie avec Fargdun, que si ça se trouve elle vivait chez elle, qu’on ne pourrait donc pas l’espionner.
Alors non, décidément non, pas question de la laisser partir sans la voir au combat. C’était même précisément pour ça qu’il avait fait organiser cette session particulière. Elle devait bien avoir quelque-chose, pour que chez les Roxxors on la craigne autant. Une virtuosité dans le maniement des lames peut-être, ou une capacité à rester sous Cape très longtemps.
« Assassine » enchaîna Bougon, « notre Intendant désire vous voir combattre, et ma foi j’en serai ravi également. Suivez-nous, nous avons un portail privé, nous allons à l’Ile des Apprentis. »
« Nous commençons ici » expliqua le Conseiller » puis nous irons dans des zones plus difficiles et nous invoquerons davantage de créatures. Le but est de remporter un maximum de combats. Il y en a cent de préparés, et en général les gens perdent entre le vingtième et le trentième. Pour que ça aille plus vite, les règles sont un peu spéciales : au premier monstre tué le combat est considéré comme gagné. Inversement, à la moindre blessure vous avez perdu. Compris ? Allons-y »
Zcyn avait à peine entendu. L’ile des apprentis ! Le petit bois parsemé de fleurs. Des novices qui couraient dans tous les sens pour les cueillir. Le ciel bleu, lumineux. La température agréable. La plage qu’on ne voyait pas mais qu’on devinait au loin sur la gauche. Le clapotis des vaguelettes.
Bougon invoqua un louveteau et une panthère.
Comme ils étaient petits et mignons ! La truffe rose, la démarche hésitante, le pelage doux et soyeux, du duvet sur les oreilles. Ah, si Luerphédon et Sabaka, ses propres familiers, avaient pu rester aussi adorables. C’étaient des adultes maintenant, pensa-t-elle avec un soupir, des bêtes au cuir épais et rugueux. Zcyn se remémora, attendrie, sa joie quand l’incantation d’apprivoisement avait enfin réussi et que sa panthère avait accouru vers elle. Son premier familier. C’était dans le même petit bois, là , près de cet arbre qu’elle apercevait, avec sa branche basse et ses frondai…
Aie !
Le louveteau n’avait pas tous ces états d’âme, il faisait ses débuts de monstre. De son adorable petite démarche il s’était approché, et de ses adorables petites quenottes pointues il avait mordu. Là où il pouvait, au niveau de la cheville. Une goutte de sang perla. Les deux Conseillers se tournèrent l’un vers l’autre, sidérés.
« Mademoiselle… » finit par annoncer Bougon « comment dire… le combat est perdu »
« Et la session est terminée. » enchaîna Karcinaum. « La comédie a assez duré, on rentre. Enfin, a-t-on jamais vu ça, perdre le premier combat ! C’est se moquer du monde ! Adieu, assassine de Cinquième rang.»
Zcyn était confuse. Elle ouvrit la bouche pour s’excuser, mais les Conseillers ne la regardaient pas, ils discutaient entre eux à voix basse. Puis Bougon la fixa posément.
« Villaine, il vous reste une chance, infime, de vous rattraper sur la partie théorique. La procédure nous oblige à vous la proposer. Mais il y a cent questions, et vous devrez donner cent bonnes réponses. Souhaitez-vous renoncer ? L’Intendant Karcinaum a un emploi du temps chargé. »
« - Oui, enfin non » répondit instantanément l’assassine « je veux passer l’épreuve des questions. J’étais distraite. L’émotion de revenir dans ce lieu. Cela faisait longtemps et… »
« Dans ce cas » l’interrompit Bougon, « suivez-nous jusqu’au portail du village, nous retournons Ã
Rondo. »
Tous trois se retrouvèrent dans les locaux du Conseil à Rondo. Pas le salon du lait caillé, mais une petite bibliothèque attenante. Karcinaum prit sur une étagère un gros livre dont la couverture de cuir vert portait comme seul titre un gros point d’interrogation. Bougon tendit le bras vers l’ouvrage voisin, identique mais dont la couverture s’ornait d’un point d’exclamation. Puis il fit signe à Zcyn de se placer à quelques mètres de distance.
« Vous pouvez vous asseoir si vous le désirez. L’Intendant va énoncer la première question, et je vérifierai votre réponse sur mon livre à la page correspondante. »
Karcinaum ouvrit son volume, maugréa in petto que les questions étaient bien trop faciles.
« Les apprentis aventuriers font leur apprentissage sur une île qui s’appelle l’île des… »
« - Apprentis ! » répondit la candidate.
C’était tout simple pensa-t-elle. Pourquoi ces deux-là faisaient-ils tant d’histoires, ça allait juste être un peu long.
Les questions cependant suivaient une progression, à l’instar des combats. Elles ne tardèrent pas à devenir plus ardues.
« Un yéti adulte de l’entrée des montagnes de cristal a une taille moyenne de… »
Zcyn voyait très bien à quoi ressemblait un yéti adulte, elle en avait côtoyé assez, du temps où les Villains possédaient un donjon dans les montagnes. Mais de là à évaluer précisément leur taille…
(( Sept pieds. Six pieds à l’encolure ))
Encore cette voix dans ma tête se dit la jeune fille. Ses sentiments étaient partagés. Elle était ennuyée que cela se produise à nouveau. Le phénomène, envahissant et déplaisant, ne s’était plus manifesté depuis longtemps, elle s’en était crue débarrassée. D’un autre côté, la réponse semblait coller. Elle décida de la répéter textuellement.
« Correct ! » confirma Bougon. Karcinaum fit une grimace et tourna la page, passant à la question suivante.
« Le héros Hector, guerrier légendaire admiré de tous, était affligé d’un léger handicap physique. Il… »
« - Il bégayait ! »
« Réponse correcte, bravo » confirma Bougon avec un hochement de tête admiratif. Peu de gens connaissaient ce détail, que la plupart des archives officielles cachaient pudiquement.
Les questions continuèrent à se succéder. Les deux Conseillers n’en revenaient pas. Une telle érudition était chose rare chez une candidate. Karcinaum, de plus en plus irrité de voir la session s’éterniser, tapotait nerveusement de ses doigts la reliure de son livre. A l’inverse, Bougon se réjouissait intérieurement, pas mécontent de voir son collègue et supérieur perdre ainsi patience.
« Combien d’années vivent les kobolds des marais au Nord-Ouest de Katan ? »
(( Treize ))
« - Treize » répéta la jeune fille docilement.
« Quarante-trois mille » rectifia Bougon.
Karcinaum eut un sourire mauvais. Il leva les yeux de son livre.
« Elle s’est trompée ! Elle s’est trompée ! La réponse est erronée, assassine. Un kobold des marais, ça vit quarante-trois mille ans, assassine. »
Il trépignait. On l’aurait cru prêt à se rouler par terre.
« Quarante-trois mille ans, vous entendez ? Retournez chez les Villains, nous allons immédiatement les informer par voie télépathique de votre échec. Puis nous allons confirmer par courrier officiel porté par messager. Vous pourrez vous inscrire à la session collective, dans quelques semaines, dans la masse des candidats. »
« Un instant » intervint Bougon. « J’avais tourné deux pages à la fois. La bonne réponse est bien treize. »
« - C’est vrai que quarante-trois mille ans ça faisait beaucoup, quand on y pense, surtout pour un kobold des marais. « ajouta Zcyn d’un air candide.
Karcinaum lança un regard furieux à son collègue, qu’il soupçonnait d’avoir fait exprès de se tromper de page. Cela se règlerait en privé, hors la vue de cette horripilante, exaspérante Villaine qui vous tapait sur les nerfs.
Voilà , ça devait être ça, se dit-il en repensant à Kévin Oussetonne, le chef de la guilde des RoxxorsDuPoney, dont la voix s’était mise à trembler quand il avait parlé de Zcyn. Sa maîtresse probablement, qu’il avait répudiée après qu’elle lui ait tapé une fois de trop sur ses nerfs à lui, et dont il craignait maintenant les révélations d’ordre intime. L’Intendant se satisfit de cette hypothèse. Pas la peine donc que cette séance ridicule se prolonge davantage.
« Bougon ! On passe directement à la centième question ! Je prends ça sur moi.»
Le ton était péremptoire, et ledit Bougon n’avait pas envie de pousser à bout son supérieur en évoquant de quelconques points de règlement. Il s’inclina, et ouvrit son livre à la dernière page, cependant que Karcinaum lisait à voix haute.
« Qu’est-ce qui est plus beau que le visage de la Déesse, plus fourbe que la langue torve d’un démon, mangé par les morts, et tue les… »
« - Rien ! » lança Zcyn à l’instinct, sans attendre la fin de l’énoncé.
(( Euh… rien, en effet. ))
Karcinaum fronça les sourcils.
« La réponse est bonne, je suppose ? »
Bougon ne put contenir un large sourire
« Oui ! C’est cela, c’est exactement cela. La page est blanche. Regardez, Intendant : blanche ! »
« C’est bon, je vois, je vois. » grommela Karcinaum « J’ai à faire, je retourne dans ma tour. Tu t’occupes des paperasses, c’est tes attributions. »
La porte de la bibliothèque se referma avec un claquement sec, Bougon et Zcyn restèrent seuls.
« L’attestation sera portée par messager à votre guilde. Félicitations, assassine de Sixième rang ! Et maintenant, n’en prenez pas offense, je vais me permettre quelque-chose qui est tout-à - fait hors protocole… »
Le vieux Conseiller s’approcha, saisit la Villaine par les épaules et lui claqua la bise sur les deux joues. Quelle session ça avait été ! Les occasions de s’amuser autant n’étaient pas si fréquentes au Conseil des guildes, et encore moins aux dépens du redouté Intendant Karcinaum.
